Les fibules à fausse corde à boucleffes du Hallslattien final

René JOFFROY

On a toujours considéré que la fibule constituait un des meilleurs fossiles directeurs en archéologie. La relative abondance de cet objet utilitaire qui retenait les plis des vêtements à des époques où l'usage du bouton était inconnu, la conservation généralement satisfaisante, la variété des types dont on a pu étudier l'évolution, font des fibules de remarquables matériaux.

L'important oppidum de Vix, près de Chàtillon-sur-Seine, a livré plusieurs centaines de fibules. Un certain nombre sont caractérisées par la présence d'une fausse corde extérieure à bouclettes qui est parallèle au îessort.

La technique employée pour réaliser la fausse corde à bouclettes est simple. Il convenait d'abord de laisser l'axe du ressort déborder de 5 à 6 mm. à chaque extrémité; ensuite à partir du ressort on enroulait sur l'un de ces prolongements un fil de bronze d'une section en général un peu moindre que celle du fil du ressort proprement dit; puis quand le prolongement était entièrement recouvert par les spires on donnait à la suite du fil la forme de bouclettes qu'on disposait le long du ressort et on enroulait le reste du fil sur l'autre prolongement d'axe en commençant à l'extrémité et en se rapprochant jusque contre le ressort; le nombre de bouclettes était variable et dépendait de la longueur de l'axe, il est la plupart du temps compris entre 8 et 16.

Ce type de fibule paraît être plus fréquent qu'on ne le croyait; s'il est si peu souvent signalé, cela tient à ce que les causes de destruction de cette ornementation fragile sont assez nombreuses; en effet si l'une des bouclettes vient à se rompre, l'ensemble, surtout si les spires autour de l'axe sont mal serrées, a tendance à glisser et à tomber, la fibule n'eu restant pas moins fonctionnelle. Nous sommes persuadé qu'une révision de l'ensemble des fibules à long ressort permettrait de découvrir qu'un certain nombre d'entre elles a été à l'origine agrémenté d'une fausse corde à bouclettes; une série de bouclettes isolées de leur fibule a été prise la plupart du temps pour un ressort écrasé, bien qu'il soit facile de distinguer ces deux objets; chaque fois en effet que nous avons trouvé des ressorts écrasés et aplatis les spires forment bien de pseudo-bouclettes, mais ces dernières se recouvrent toujours en partie, tandis que s'il s'agit de véritables bouclettes elles sont nettement séparées les unes des autres.

L'oppidum du mont Lassois à Vix a fourni jusqu'à ce jour dix-sept exemplaires complets ou simplement réduits à des éléments de bouclettes; parfois il n'existe plus que l'amorce d'une bouclette terminale (Fig. I,n»l).

Parmi les exemplaires de Vix citons ceux à simple timbale à arc à section torique (Fig. I, n° 1) ou à arc plat et élargi (Fig. I, n° 2), ceux à double timbale (Fig. I, n° 3), dans ce dernier cas il est assez curieux que l'artisan ait utilisé un modèle fait d'une seule pièce et qui ne comporte ordinairement pas d'axe puisque les spires de chaque côté de la tête de Гаге sont toujours peu nombreuses — 3 ou 4 au maximum — l'adjonction à de telles pièces d'un axe montre combien est relatif le critère de discrimination basé sur la présence ou l'absence d'axe.

Souvent les iibules ainsi décorées étaient agrémentées de matière semi- precieuse, corail ou ambre; les exemplaires nos 4, 5 et 6 de la Fig. I

SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 26